Les activités inscrites à l’agenda du Salon international de l’agriculture et de l’agroalimentaire (SIALO) se poursuivent sur le site du CETEF Togo 2000. La journée du samedi 18 octobre 2025 a été très animée. Plusieurs panels ont été organisés. L’un d’eux, ayant retenu l’attention des participants, a porté sur le thème :
«Financement des chaînes de valeur et transformation des produits d’élevage au Togo ». Ibrahima Théo Lam, entrepreneur, est l’un des deux intervenants sur le sujet, abordé sous l’angle des difficultés que rencontrent les éleveurs en matière de financement. Il propose une réforme des modèles de financement existants en Afrique en général et au Togo en particulier, pour mieux prendre en compte la filière élevage.
Les éleveurs sont en amont de la transformation des produits d’élevage. Ils sont les acteurs principaux de la chaîne de valeur de la filière animale, et pourtant, ils sont les parents pauvres du système en termes de financement. Avant la transformation, il y a la période de production qui permet de rendre disponible le produit à transformer. Sans ressources financières, les éleveurs ne peuvent pas jouer ce rôle.
Ibrahima Théo Lam, dans son intervention, a proposé une refondation complète des modèles de financement souvent proposés en Afrique aux acteurs du secteur de l’élevage. Il a abordé les paramètres qui écartent les éleveurs du monde du financement avant de parler des dispositifs existants sur lesquels les États peuvent s’appuyer pour soulager les éleveurs.
Selon l’expert-entrepreneur, en Afrique en général, les modèles de financement qui existent ne correspondent pas aux systèmes des éleveurs, conçus selon leur connaissance du terrain, suivant une méthode et un processus propres à eux. À cette situation s’ajoute l’indisponibilité des ressources à trois niveaux.
« Des éleveurs demandent à être financés, mais il y a trois sources qui sont limitées. La première source, c’est l’État, qui a peu de moyens pour répondre aux exigences des éleveurs ; dans le système bancaire, les conditions sont extrêmement difficiles, donc inaccessibles aux éleveurs ; et le troisième volet, c’est tout ce qui est organisations internationales et instituts qui accompagnent également. Si on prend le temps d’analyser ces trois structures que j’ai énumérées, il est difficile pour l’éleveur d’y accéder. On leur demande un certain nombre de conditions qu’ils ne remplissent pas », a expliqué Ibrahima Théo Lam.
Il y a tout de même certaines dispositions en Afrique qui permettent de répondre aux sollicitations des éleveurs. Il revient aux États de mettre en place des mécanismes clairs de financement qui prennent en compte les spécificités liées à chaque secteur.
« La façon dont on finance un agriculteur doit être différente de la façon dont on finance un autre acteur. Par exemple, au niveau des banques agricoles, il y a des standards, des documents et des outils sophistiqués, alors que les agriculteurs sont dans des modèles très simples, un modèle assez informel qui marche. On ne peut pas leur demander de quitter ce modèle et d’aller vers une vision qu’ils ne comprennent pas. Pour moi, c’est aux autorités, à la banque et au secteur privé de se déplacer vers les agriculteurs », a insisté Ibrahima Théo Lam.
Il est donc impératif de trouver une solution à cette situation qui n’arrange personne. Il faut commencer par revoir le modèle de financement. Un cadre de dialogue inclusif et non formel avec les éleveurs s’impose.
« Pour moi, ce serait intéressant, en tant qu’acteur, de demander qu’on puisse échanger avec ces acteurs. Je veux juste dire : aller rencontrer les éleveurs sur place, comprendre comment ils fonctionnent, leurs techniques, leurs opportunités, leurs réussites et leurs défis », a ajouté Ibrahima Théo Lam.
Pour conclure son intervention, Ibrahima Théo Lam a invité les uns et les autres à changer de regard vis-à-vis des éleveurs. Selon lui, ils ne sont pas de simples entrepreneurs : ils nourrissent la planète, ce sont des champions qui imposent le respect.










